Emplois à tout prix ?

L’un des principaux arguments des défenseur.se.s du projet Val Bréon 2 est la création de milliers d’emplois pour les chômeur.se.s de la région. Pour appuyer leurs propos, ils se basent sur des chiffres et des statistiques auxquels on fait dire ce que l’on veut. Lorsque que l’on regarde ce qui se passe à Val Bréon 1, première zone d’activité dont Val Bréon 2 est la continuité, nous avons de quoi douter. Sur les 2 000 emplois promis à peine plus de la moitié a été réellement crée. La plupart de ces emplois ne profitent même pas aux chômeur.se.s de la région, car beaucoup des personnes recrutées viennent d’autres départements. 

Précarité à tous les étages 

Quant aux contrats proposés, il s’agit le plus souvent de missions d’intérim de courte durée en fonction des besoins en main d’œuvre. Les activités de la logistique représentent 25% du total des emplois intérimaires de France. Selon les chiffres de l’INSEE, 26% des emplois en manutention et entreposage de la logistique sont des contrats en CDD ou intérimaires)1.  Nous sommes donc loin d’emplois pérennes. Les travailleur.ses soumis à ce genre de contrats peuvent se retrouver pendant plusieurs mois sans travail, donc sans revenus, si les agences d’intérim ne les appellent pas. Ces personnes vivent alors dans l’incertitude du montant qu’ils toucheront à la fin du mois, et ce tous les mois… Certains intérimaires peuvent travailler pendant plusieurs années dans une même entreprise, sans pour autant avoir de CDI à la clé, et donc toute la sécurité qui en découlerait. Ces travailleur.ses ne peuvent bénéficier des différents accords mis en place dans les entreprises pour lesquelles ils.elles travaillent, sauf quelques rares exceptions. 

En plus de proposer des emplois précaires, ces plates-formes contraignent les travailleur.se.s à des horaires décalés : embauche très tôt le matin (5-6 h), débauche très tard le soir (21-22 h), voire travail de nuit. Il est donc indispensable d’être véhiculé. Il existe bien une ligne de bus qui mène à Val Bréon 1, mais les horaires ne sont pas adaptés à ceux des travailleur.se.s de la plate-forme. Aussi pour respecter leurs horaires, les travailleur.se.s intérimaires de la zone, sans véhicule à cause de leurs petits revenus, sont souvent obligés de faire le trajet à pied depuis la gare de Tournan-en-Brie, soit plus d’une heure de marche le long de la voie rapide non éclairée, quelles que soient les conditions climatiques… 

Ces travailleur.se.s intérimaires n’ont pas d’autres choix que d’accepter ces horaires et d’être à l’heure, car en cas de manquement ils ne sont pas protégés, contrairement aux salarié.e.s d’une entreprise. Là où les salarié.e.s se voient prévenus par des convocations préalables avant d’être licenciés, les intérimaires, eux, ne voient pas leurs missions renouvelées s’ils s’absentent, quand bien même leurs justifications seraient légitimes. 

Les défenseurs du projet Val Bréon 2 se vantent de la création d’emplois, mais leurs tableaux de statistiques ne montrent pas la précarité qui découle de ces chiffres. Ils ne peuvent pas lire dans leurs notes la souffrance de ces salariés. 

Destruction des petits commerces  

De plus lorsque les entrepôts s’installent dans une zone, c’est souvent au détriment des commerces de proximité dont le chiffre d’affaires diminue, souvent jusqu’à la fermeture définitive. Ce sont donc des petit.e.s commerçant.e.s, habitant la région, qui ont souvent placés toutes leurs économies dans leur commerce qui se retrouvent sans le sou. Par exemple, lorsqu’une entreprise comme Amazon créé un emploi, ce sont 2,2 emplois qui sont supprimés dans les entreprises de proximité.  2

Si nos élu.e.s de la Communauté de communes se souciaient vraiment de l’emploi et du bien-être des habitant.e.s, ils soutiendraient les commerces de proximité dans les villes et villages, au lieu de les remplacer par des distributeurs de pommes de terre ou de pain… Ainsi, les habitant.e.s pourraient à nouveau acheter leurs légumes ou leur pain à des personnes en chair et en os. En profiter pour échanger quelques mots. Bref, renouer un lien social.  

Et la transition ? 

Il y a pourtant de nombreuses pistes possibles en termes d’emplois dans la région que nos élu.e.s et les investisseurs devraient développer. Par exemple, dans le domaine des transports publics qui manquent cruellement dans notre département. Et plutôt que de continuer à bétonner des terres agricoles, alors même que tous les indicateurs mondiaux sont dans le rouge en termes de pollution et de crise alimentaire à venir, pourquoi ne pas investir dans la transition énergétique ou l’agriculture, secteurs beaucoup plus pourvoyeurs d’emplois et qui le seront encore davantage étant donné la situation. De telles initiatives permettraient la création d’emplois stables, porteurs et tellement plus épanouissants que de soulever des cartons dans une plate-forme logistique ! 

Références :

[1] Wemelbeke Guillaume,Que représente la logistique dans l’emploi en France ?, Commisariat Général au Développement Durable-DataLab, mars 2018, accessible en ligne : https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2018-11/datalab-essentiel-139-logistique-dans-l-emploi-en-france-mars2018.pd

[2] « Mounir Mahjoubi accuse Amazon de détruire 7 900 emplois et appelle à acheter français », 22 novembre 2019latribune.fr

L’artificialisation des terrains agricoles n’a aucun impact sur le foncier : FAUX

D’après la préfecture de Seine-et-Marne, la vente des terrains agricoles en vue de plan d’artificialisation a des conséquences pour les exploitants mais aussi pour l’ensemble de la filière. Si certains propriétaires profitent du prix du terrain qui augmente pour vendre leur terre, d’autres n’arrivent plus à acheter des terres, devenues trop chères. Sans parler des ménages contraints à s’éloigner de plus en plus de Paris et de sa périphérie pour trouver à se loger à des prix plus abordables.

Renaturer une zone artificialisée ne coûte rien : FAUX

Le coût moyen total pour renaturer un sol artificialisé est estimé entre 95 et 400 €/m2 (hors coût de déconstruction) selon France Stratégies, ex-commissariat général à la Stratégie et à la Prospective. C’est le prix à payer pour recréer les services qu’un sol naturel rend à la société : infiltration des eaux, stockage du CO2 ou production de biomasse. Et c’est sans compter sur le fait qu’il n’est pas toujours possible de
restaurer les écosystèmes endommagés !

L’artificialisation rend plus de services que la biodiversité : FAUX

Dépollution des eaux, réservoir de ressources génétiques et chimiques pour les médicaments de demain, maintien de la fertilité des sols, qui garantit notre alimentation… : les bénéfices économiques globaux liés à la biodiversité ont été évalués à plus de 1 500 milliards de dollars (environ 1 280 milliards d’euros) par an. En comparaison : le seul service rendu par un sol artificialisé est de supporter les constructions et les voies de transport…

L’artificialisation diminue la capacité de stockage du carbone dans les sols : VRAI

Les sols sont le second réservoir de carbone (CO2) après les océans. La photosynthèse due à la végétation permet de fixer le CO2 qui est ensuite séquestré dans les sols où il se transformera sur plusieurs millions d’années en charbon, gaz naturel et pétrole. En favorisant certaines pratiques agricoles, on peut ainsi accroître de 0,4 % par an la séquestration du carbone dans les quarante premiers centimètres de profondeur du sol, soit environ 80 % de l’augmentation de la concentration atmosphérique en CO2 sur l’année 2017.

L’artificialisation diminue : FAUX

Depuis 2016, l’artificialisation repart à la hausse, parallèlement à la reprise du secteur de la construction, selon le rapport du Cerema, intégrant les données 2009-2018. Ainsi, en 2017, l’urbanisation a grignoté 23 907 ha sur les sols naturels et agricoles soit la surface de la ville de Marseille (24 060 ha).